Maroc:Le rôle du ministère de l’Intérieur dans la mission de mise à niveau des collectivités territoriales
Le discours royal adressé au peuple marocain par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du 16ème anniversaire de son accession au trône, a tracé les grandes lignes de la mise a niveau de certaines collectivités locales. Celles-ci sont situées, d’après le discours précité, dans les zones éloignées du Rif, de l’Atlas et des Oasis du Sud marocain. Le ministre de l’Intérieur, qui « exerce l’autorité tutélaire sur les collectivités territoriales a été chargé de mener une étude globale, en vue de cerner les besoins de chaque douar et de chaque région, en termes d’infrastructures et des services sociaux de base, tant dans les domaines de l’enseignement, de la santé, qu’en ce qui concerne l’eau, l’électricité, les routes rurales tec.. ». Tout un programme.
La presse nationale, qui n’a pas cessé de parler de cet évènement, a rendu compte ensuite d’une réunion à laquelle ont assisté les Walis et Gouverneurs du Royaume, au siège du ministère de l’Intérieur. A cette occasion, le Ministre de l’Intérieur a réitéré les directives royales dans le sens d’une meilleure compréhension de l’importance de ce sujet. Il s’agit certes d’une heureuse initiative, que tout le monde et surtout les citoyens concernés localement attendaient avec impatience. C’est pour cette raison, qu’à mon avis, l’exécution d’une telle initiative doit être conçue avec doigté et professionnalisme, pour lui assurer les meilleures chances de succès.
Il a été rapporté en outre, par la presse nationale, que le Ministre de l’Intérieur a renouvelé ses directives pour que ces élections soient sincères et crédibles et ce, en présence de son collègue de la justice. C’est ainsi, que c’est la première fois dans les annales du ministère de l’Intérieur, que le ministre de la justice assiste aux côtés de son collègue au siège de ce département, à une réunion de ce genre. Comme les choses ont beaucoup changé…
Concernant la mise à niveau des collectivités locales, j’estime à mon avis, compte tenu de mon expérience précédente en ce domaine, qu’il n’y a pas lieu de descendre au niveau des douars, sauf pour ce qui concerne, l’eau potable l’électricité et l’accès routier. Il serait par contre plus judicieux, plus équitable et plus pratique de cibler les communales rurales et si nécessaire les petites municipales, afin de pouvoir leur appliquer un programme de mise à niveau identique, compte tenu de leur niveau de développement.
En effet, la répartition des équipements devra s’opérer, à égalité, entre les communes, comme cela se fait en Europe, pour ne pas que l’effort de l’Etat se perde dans des considérations électoralistes ou partisanes, lesquelles ont engendré les disparités, les injustices et les sentiments de marginalité dont a parlé le Souverain dans son discours du trône. Lesquelles disparités et défaillances, ont été mises à nu par les inondations, les pluies violentes et les chutes de neige, de l’hiver dernier. Il faudrait alors, avant de s’engager, procéder à un recensement des besoins nécessaires à la mise à niveau des collectivités territoriales choisies, mais avec la concertation des édiles locaux fraîchement élus, afin de les associer au choix et à l’exécution des projets, dans un esprit démocratique et responsable.
Certes, l’initiative pour le développement humain (INDH) est un outil parmi tant d’autres, lequel pourrait se voir confier la réalisation de certains projets en association avec les collectivités qui le désirent. Mais en raison de l’importance colossale des crédits cités par le message royal pour ce projet de règne, les Agences régionales de développement, dont la création est prévue parla loi sur les Régions, sont indiquées pour garantir la mise à niveau des collectivités territoriales. Car celles-ci disposeront de moyens humains et techniques pour la réussite de telles opérations d’envergure.
J’espère enfin, que pour une fois dans l’histoire du ministère de l’Intérieur, un ministère délégué aux collectivités territoriales, soit prévu dans l’architecture du prochain gouvernement issu des élections législatives, en vue d’équilibrer un ministère de souveraineté, particulièrement accaparé par la sécurité et les problèmes politiques, au détriment du développement du développement rural, particulièrement négligé depuis l’indépendance de notre pays. Car les charges d’autorité et de sécurité sont trop lourdes, au niveau du ministère de l’Intérieur pour être exercées avec aisance et efficacité. Comme dit l’adage populaire : Qui trop embrasse mal étreint ! A toute fin utile.